CREPUSCULE Extrait

CREPUSCULE nouveau roman d’Alix Roche-Moulin, en vente dans le courant de l’été.

Je marche le long de la grève. Sorti de nulle part, un jeune homme vient vers moi d’un bon pas. Il a le sourire aux lèvres. Avant même de lire la surprise sur mon visage, il s’amuse de la bonne plaisanterie qu’il est en train de me faire.

— Je suis en vacances, mon petit vieux. Ton père m’a appris que tu séjournais à Courville-sur-mer et j’ai eu envie de t’y rejoindre.

— Tu es arrivé depuis longtemps ?

— Penses-tu !

— Tu comptes t’installer à l’Hôtel des Embruns sur la digue ?

— Je ne sais pas encore.

Mon appartement, bien que modeste, compte une deuxième chambre. Celle où s’installe en saison la petite fille de l’ancien héros de la construction de bagnoles.

Faut-il que je sois désemparé par l’avancement de mes travaux pour que, tout de suite, je la propose à Jean-Philippe.

A mon grand étonnement, celui-ci qui fuit pourtant l’inconfort s’empresse d’accepter ma proposition.

Parfois, je suis au contraire convaincu d’être tombé sur Jean-Philippe dans la soirée, alors que je faisais quelques courses dans les boutiques de la rue principale, l’unique rue marchande de Courville-sur-mer.

Exténué, Jean-Philippe me recherche depuis des heures. Il m’embrasserait presque tant il désespérait de me retrouver…

Tous ces événements vécus en cette fin d’été ne m’ont pas éternellement obsédé.

Je les ai peu à peu oubliés.

Avoir croisé Jean-Philippe dans une rue de Paris, n’aura pas suffi à les extirper du néant. Il aura fallu sa disparition et l’envie, sinon de lui rendre hommage, au moins de lui adresser une dernière pensée.