AMOUR, SEXE ET POLITIQUE Extrait 2

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CLARISSE

Si tous les députés rentraient chez eux pour fuir leurs maîtresses parisiennes, les provinciaux se sentiraient plus proches de leurs représentants. Peut-être même se lasseraient-ils à force de les croiser dans la rue.

     GILLES

Tu n’as pas tort, en général, c’est le député Don Juan qui passe pour le plus soucieux des intérêts de sa région. Il fuit ses déboires sentimentaux dans l’accomplissement des devoirs de son mandat.

     CLARISSE pincée

Je crains que tu ne passes désormais pour un député modèle.

     GILLES

Penses-tu, je n’aurais aucun avenir politique si c’était le cas. Regarde-moi bien, ai-je l’air de me préoccuper plus qu’il ne convient de tous ces cons qui m’ont élu ?

     CLARISSE avec douceur cette fois

Tu dis cela pour me faire plaisir.  

     GILLES

Je te le dis parce que je me fiche pas mal de toutes ces entreprises qui ferment. Franchement, qu’est-ce que trois cents chômeurs de plus quand je pense si fort à toi ? Des chômeurs, ça fait quarante ans qu’il y en a ; certains même sont au chômage depuis tout ce temps-là, tandis que notre amour est exceptionnel.

Ils s’enlacent et puis s’embrassent. Réconciliés.

     CLARISSE

Serre-moi fort contre toi. Mon pauvre chéri, ce que tu as dû t’embêter loin de Paris.

     GILLES

C’est hélas loin de Paris qu’on trouve le plus grand nombre de gens et je n’ai jamais compris pourquoi. C’est d’un triste au-delà de Neuilly. Ce que la politique serait belle si on n’avait pas tout le temps affaire aux électeurs. On règlerait nos petits problèmes entre nous. Ca se passe déjà comme ça mais pour le principe, on vote.

     CLARISSE

Tu en dis de belles choses. Ca me rend encore plus amoureuse de toi. Ton absence de moralité te conduira loin.

     GILLES

Je n’ai plus envie d’aller nulle part lorsque je suis dans tes bras. Mon pauvre petit amour, je me suis inquiété pour toi, tu sais.

     CLARISSE

Ah, quand même !

     GILLES

Je te dis ça seulement maintenant parce qu’un politicien se doit de ne jamais montrer ses faiblesses. Tiens, s’il se trompe, il accuse l’Europe ou la conjoncture et le tour est joué. En même temps, je crois que nous prenons toute cette affaire trop au sérieux. Tu ne risques pas grand-chose et c’est tant mieux.

     CLARISSE

Mais si, je risque !

     GILLES

Mais non, je viens de te le dire.

     CLARISSE

Mais si, mais si !

     GILLES

Mais non, mais non !

     CLARISSE

Très bien, très bien. Alors réfléchissons-y une nouvelle fois à tête reposée. Dis, grand génie, est-ce qu’un revolver c’est dangereux ?

     GILLES

Mon Dieu, tu veux dire… Serait-elle allée, je n’ose même pas y penser… serait-elle allée jusqu’à se procurer une arme et t’en menacer, chérie ?

     CLARISSE

Ah, mais non ! C’est pas si grave que ça. C’est juste ce pauvre Brice qu’elle a failli refroidir. Tu vois, pas de quoi se faire de bile. Et tant que Brice le prend bien…

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