AMOUR, SEXE ET POLITIQUE Extrait
AMOUR, SEXE ET POLITIQUE par Alix Roche-Moulin actuellement en vente (théâtre).
CLARISSE
Mais qu’est-ce qu’il lui prend ? Il est encore ivre ou quoi ? Agnès, trésor, tu sais pourtant bien qu’il faut l’empêcher de boire.
AGNES
Facile à dire, c’est toujours ainsi qu’il se soigne lorsqu’il souffre.
CLARISSE
Mais il n’arrête pas d’être malheureux, l’animal ! Ce n’est pas seulement un maniaco-dépressif, c’est une véritable citerne.
GAETAN
L’alcool accroît ma lucidité.
CLARISSE
Comme il permet à d’autres de mieux conduire et tout cela se termine au même endroit, dans un mur.
AGNES à Gaétan
Mon gros lapin, tes raisonnements sont toujours fracassants, alors n’en fais part à personne.
GAETAN
Et si soudain j’ai envie de bruit autour de moi… D’entendre des gémissements et des sanglots… Et de voir gicler le sang peut-être…
AGNES insistante
Gaétan, amour, ferme ta grande gueule ! Ca ne t’a donc pas suffi de briser tous tes jouets étant enfant ?
GAETAN
Et si je ne veux rien laisser d’autre derrière moi que des cendres, n’est-ce pas mon droit ?
AGNES
Hélas, parmi toute cette flopée de lois inutiles personne n’a jugé bon d’en entériner une seule qui interdirait aux gens de faire leur propre malheur.
CLARISSE
A quoi bon ? Mettre le masochisme hors-la-loi relèverait de l’utopie.
GAETAN
L’harmonie de notre trio amoureux, quelle rigolade ! Seule Clarisse semble y trouver son compte. Clarisse l’unique maître à bord après Dieu et dont nous sommes les dévoués esclaves. Ose prétendre, Agnès, qu’alors que tu filais le parfait amour avec Clarisse tu as été ravie de la voir s’éprendre de moi. Cette soirée plus romantique qu’une autre sur la Riviera a tout bouleversé pour toi.
AGNES
Mais tu vis dans le passé, chéri. En ce qui me concerne, seul l’avenir m’intéresse.
GAETAN
L’avenir…, comme nous y avons pensé toi et moi à l’avenir. Ne pouvant faire autrement nous nous sommes partagés l’une des plus belles créatures de l’Univers. Elle avait la gloire, la beauté, elle régnait sur nos cœurs. Pour ne pas risquer de lui déplaire, nous avons joué la comédie de la complicité. Partout, au théâtre, au restaurant, en ville comme à la campagne, et évidemment dans son lit. Mais c’était d’une rivalité sans merci dont il s’agissait. Nous étions jour et nuit en concurrence et espérions qu’à l’issue de cette lutte qui ne disait pas son nom mais n’en était pas moins farouche, il n’y aurait qu’un gagnant. Un seul de nous deux pour remporter le plus beau des prix.