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Alix Roche-Moulin écrivain blog
29 septembre 2020

Entretien avec Alix Roche-Moulin par Eric K (2)

Alix, j’aimerais dans ce nouvel entretien que nous parlions de SALAUD DE FICUS ! la seconde nouvelle de LA PROXIMITE DES ABIMES, recueil à paraître prochainement.

— Admettons, Eric, que je n’aie que ça à faire…

Notre société ne nous offre plus la possibilité d’avoir une vie privée.

— L’homme n’existe qu’à travers ses secrets. En voulant l’homme transparent, les puissants du monde veulent un être dépersonnalisé, extrêmement facile à manipuler avec les moyens de communication modernes qui font l’effet d’une massue.

A12

SALAUD DE FICUS ! raconte l’histoire d’un gaillard qui vient de faire un mauvais coup.

— Ce Jean-Pierre n’est pas un mauvais bougre, mais voilà, son existence apparaît trop compliquée pour lui.

L’histoire se passe dans un commissariat où les flics, dans leur interrogatoire, usent de méthodes plutôt musclées…

— Je ne me définis aucunement comme un auteur de science-fiction, d’ailleurs la science-fiction existe-t-elle encore quand le progrès va si vite ? J’écris ce qui est et sûrement ce qui vient. S’interroger sur l’avenir, ça n’est que regarder aujourd’hui à la loupe !

Tu as quand même pris un peu d’avance en ce qui concerne les agissements de cette femme flic en train de cuisiner Jean-Pierre…

— Il est indéniable que la police, ces dernières années, s’est militarisée. On met en avant la violence accrue de notre société. Je pense que la sous-culture américaine dont on nous gave afin de nous plonger sous hypnose a sa part de responsabilité, particulièrement ces séries télé filmées au kilomètre. La police et la racaille subissent l’influence de la même drogue télévisuelle. Il résulte de cette apologie de la violence, qui existe, certes, dans la mentalité américaine pour plusieurs raisons, mais certainement pas à ce degré d’intensité, une insensibilisation générale de la population.

Supprimons la télé !

— Le monde appartient aux multinationales et plus à nos dirigeants politiques. Ce n’est pas demain qu’un groupe de politiciens courageux pourra s’en prendre au monde des médias contrôlé par l’argent.

Copie de PHTO0149

Mais ne nous éloignons pas de SALAUD DE FICUS !...

— Nous sommes en plein dedans, au contraire.

— La nouvelle raconte l’enfer vécu par un homme entouré d’objets connectés qui tous l’accusent.

— Nous laissons tous des traces de chacun de nos passages sur Internet. Tu le sais, Eric, il est possible en croisant toutes ces données avec de puissants algorithmes de tout connaître ou presque d’un être humain, de tous les êtres humains… La société de l’hyper consommation a développé jusqu’à la folie notre goût pour les gadgets, nous sommes prêts à nous mettre en danger pour le satisfaire. Ces objets connectés sont un bon exemple de notre folle imprudence.

— Ne contrôlons-nous plus nos inventions ?

— Plus du tout. Le but de la vie est la dominance. Les puissants ne manquent pas de moyens de nos jours afin d’accroître la leur…

— Je te cite Alix : « L’Etat n’a plus que des failles, aussi garde-t-il les yeux grands ouverts et il a de grandes oreilles. L’Etat a peur. » Et plus loin tu ajoutes : « Il convient désormais de se méfier de tout. Tout signifie aussi bien la larme tombée par terre que la tasse ou bien le verre… Mille yeux nous entourent à chaque instant. Mille regards nous jugent… Si l’on se fond dans la masse, désormais c’est dans la masse des accusés. »

— Je fais dire à Jean-Pierre quelque chose d’assez amusant, je crois…

Voilà, c’est : « Un imbécile heureux ne le reste jamais bien longtemps. L’Etat nous surveille. »

Copie de PHTO0150

Ton roman, TEMPS DE CHIEN (actuellement en vente) est le récit d’un homme affaibli qui se bat pour exister dans une société ultra compétitive où seuls les plus forts ont leur place. Il était de ces êtres d’exception quand la maladie l’a atteint. Le déclin de sa santé signe sa mort sociale. Dans SALAUD DE FICUS ! il s’agit d’un homme insignifiant, comme tu l’as dit : transparent. Celui-ci semble enfin trouver sa raison d’être lorsqu’il contrevient à la loi. C’est tragique.

— Nous verrons au bout de son interrogatoire s’il est coupable ou non. Pour répondre à ta question, l’emprise qu’une société exerce sur ses membres doit avoir ses limites vite atteintes. L’abus pousse à la révolte, un passé récent l’a bien montré.

— On en revient à l’ouvrier licencié de LILY-FLEUR (roman d’Alix Roche-Moulin actuellement en vente) son agressivité n’est qu’une forme de défense contre un monde qui le rejette après l’avoir longtemps exploité.        

— Cela conduira ce pauvre type à sa perte. L’Etat frappe d’autant plus aveuglément qu’il chancelle, sa puissance décroît. Il doit se montrer toujours plus coercitif afin de donner le change.

« Où donc irions-nous si l’homme redevenait imprévisible, je te le demande ? » demande la femme flic à Jean-Pierre qui se plaint que tous les objets de son quotidiens puissent témoigner contre lui. Merci Alix et à bientôt pour parler d’une autre de tes nouvelles de LA PROXIMITE DES ABIMES (à paraître).

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