CREPUSCULE Extrait

CREPUSCULE roman d’Alix Roche-Moulin, en vente dans le courant de l’été.

Boulevard Haussmann, un homme descend avec peine d’un taxi. Avant même de distinguer ses traits, je pense à un vieillard perclus de rhumatismes.

Et je n’ai pas tort.

Sans toutefois avoir raison.

Loin encore d’être octogénaire, ce n’en est pas moins un homme que la mort déjà serre de près.

Tout de suite, je reconnais Jean-Philippe. Sans doute me joue-t-il un de ses mauvais tours auxquels j’étais accoutumé. Le Jean-Philippe qui fut longtemps mon ami était un joyeux drille.

Cependant Jean-Philippe ne s’amuse plus guère. L’heure est à la gravité.

Il marche lentement en traînant les pieds, le dos voûté ; le maintien raide. Le moindre mouvement lui réclame un effort.

Je ne puis détacher mon regard de cette silhouette tellement amaigrie. Qu’un enfant, même en bas âge, le frôle de trop près et il tombera. Jean-Philippe n’aura peut-être plus la force de se relever seul…

Jean-Philippe regarde dans ma direction mais il ne me voit pas. Que remarque-t-il encore du monde qui l’entoure ? Pas grand-chose sans doute, hormis quelques éléments familiers, ces repères qui balisent son bref itinéraire.

Soudain, Jean-Philippe oblique sur sa gauche pour entrer dans un immeuble. Avant d’atteindre sa porte, il jette par terre d’un geste las la cigarette qu’il vient à peine d’allumer.

 SALAUD DE FICUS, tiré à part du recueil LA PROXIMITE DES ABIMES.