CREPUSCULE Extrait
CREPUSCULE roman d'Alix Roche-Moulin en vente cet été
La plage était déserte sur des kilomètres.
Personne à part moi et une fille qui marchait sur le sable humide.
Bras tendus, mains jointes à la hauteur du ventre, la taille cambrée. Elle regardait songeuse les vagues qui venaient mourir à ses pieds, mouillant parfois de leur écume le tissu blanc de ses chaussures légères.
Vingt-cinq ans environ. Une chevelure bouclée d’une belle couleur auburn.
Je détournai la tête afin d’observer les majestueuses villas début de siècle qui bordaient la digue.
— Vous comptez rester planté ici jusqu’à ce que la marée soit tout à fait haute ?
La voix était gentiment moqueuse. Surpris, je sursautai. Cela fit rire cette jeune femme dont la présence, depuis le premier instant où je l’avais aperçue, m’avait rendu nerveux. Je n’ai jamais su aborder les filles, même lorsque j’en ai eu le plus envie.
— Les femmes n’aiment pas qu’on ne s’occupe pas d’elles. Vous ignoriez cela ?
J’avais bondi comme un ressort du casier à homards sur lequel je m’étais assis. Elle me considérait soudain avec une gravité qui me mettait mal à l’aise. Elle voulait ma photo, ou quoi ?
— Les hommes savent-ils jamais ce que les femmes attendent d’eux ! me défendis-je.
Je la vis se détendre de nouveau.
De charmants yeux noisette, vifs et brillants, venaient à point atténuer la dureté d’un visage qu’un excès de régime avait rendu anguleux. Cet imperméable d’homme trop large qu’elle avait enfilé pour se protéger du vent dissimulait certainement un corps souple et une taille de mannequin.