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Alix Roche-Moulin écrivain blog
23 septembre 2020

Entretien avec Alix Roche-Moulin par Eric K. (1)

 

 

— Alix, cela fait longtemps que nous sommes de bons amis…

— Mon cher Eric, tu te vantes !

— Nous nous connaissons depuis l’enfance. Explique-moi, tu as déjà publié quelques bouquins… mais tu joues les courants d’air ! Tu fuis les séances de dédicace autant que les interviewers.

— Pourquoi pas ?

— Certes, toutefois…

— L’acte d’écrire est aujourd’hui passablement dévalué. Tant de gens écrivent, souvent médiocrement, parce que l’anonymat les étouffe, à moins qu’ils ne supportent plus un quotidien que la routine rend insupportable. On ne peut plus la ramener parce qu’on est un auteur. C’est plutôt cette poignée de lecteurs qui n’a pas encore délaissé le livre pour la série télé qu’il conviendrait de célébrer !

— Il subsiste encore quelques textes un peu dignes d’intérêt…

— Noyés dans une masse qu’il convient de remuer avec des pincettes !

— Puisque je te tiens pour l’un de ces auteurs intéressants…

— Eric, tu es trop bon !

Copie de 003

— Pourrais-tu nous parler de ce livre que tu vas publier dans quelque temps…

— Il s’agit cette fois d’un recueil de nouvelles.

— Alix, jusqu’alors tu t’investissais plutôt dans des romans…

— Je n’ai jamais su si TEMPS DE CHIEN (qui est toujours en vente) était un roman ou bien une longue nouvelle. Ce prochain livre s’intitulera LA PROXIMITE DES ABIMES. Ces abîmes, nous en côtoyons tant aujourd’hui que le sujet devenait trop vaste pour être traité dans une seule histoire.

TEMPS DE CHIEN évoquait la fin du patriarcat : une maladie mystérieuse qui frappait les hommes seulement et les faisait peu à peu disparaître. Je souhaiterais que nous parlions de la première nouvelle de ton recueil : HARCELEMENT. Là, c’est de l’impossibilité d’avoir une vie privée dont il s’agit.

— Un bonhomme, je crois qu’il s’appelle Robert, n’a plus vingt ans. Il a bien vécu et son état de santé n’est pas fameux. Il menace de devenir un poids pour la collectivité. Cela ne devrait pas se savoir, mais voilà : tu l’as dit, nous avons perdu notre droit à la vie privée.

— « S’habituera-t-on à la traçabilité de nos faits et gestes quotidiens ? » demande Robert à son médecin. « Y pensiez-vous avant ? Est-ce que ça vous importait ? Allons donc ! Une irritabilité passagère tout au plus. » lui répond ce médecin qui tente de l’aider.

— C’est incompréhensible, n’est-ce pas ? Nos compatriotes demeuraient très attachés à la liberté individuelle et puis mai 68 est passé par là… leur donnant l’obsession du risque zéro qui nous a amenés tout récemment jusqu’à la peur moyenâgeuse, jusqu’au confinement…

Copie de Copie de PHTO0169

— Dans ta nouvelle, Alix, ce pauvre Robert ne risque pas qu’une augmentation de sa prime d’assurance. Permets-moi de te citer : « La philosophie désormais ne s’interroge plus sur l’existence de Dieu mais sur celle de l’homme. Quant au sens de la vie, la réponse est depuis longtemps trouvée : la vie n’a de sens que dans le développement illimité. »

— L’Etat se trouvant, comme tu le sais, dans l’impossibilité de donner une place à chacun dans notre société, peut être un jour tenté de faire du vide parmi ses éléments improductifs. Qui s’en offusquera ? Il lui suffira comme toujours de prendre des mesures progressives et l’habituel bourrage de crâne fera le reste. On assiste aujourd’hui à une inquiétante chosification de l’être.    

— Tu as toujours jeté un regard acéré sur la décadence de notre société. LILY-FLEUR, publié en 2017 et heureusement toujours disponible, annonçait la révolte populaire de 2019…

LILY-FLEUR nous ramène aux années 90, lorsqu’on en terminait avec la destruction d’un prolétariat qui, curieusement, ne réagissait pas. Les dégâts faits au tissu social, et je le raconte un peu dans LILY-FLEUR, étaient pourtant effrayants… 

— Tu ne parais guère optimiste en ce qui concerne la capacité de l’art à changer la vie… Voilà ce que dit Robert (qui évolue dans ce milieu) : « Ce n’est pas ma faute si la création artistique, même lorsqu’elle sert de support à la rébellion ethnique ou sexuelle, débouche systématiquement sur la création de nouveaux marchés. »

— Cher Eric, c’est peut-être ce que je redoute si je me montrais trop : créer un nouveau marché !

— Merci, cher Alix, d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions.

— Il existe un langage d’Internet qui exclut une trop grande complexité. J’ai donc pris soin de te répondre par des phrases courtes et simples. Les lecteurs de ce nouveau blog (encore un, tiens !) n’auront qu’à se référer à mes livres déjà parus, si cela les intéresse.

— N’oublie pas que LA PROXIMITE DES ABIMES est un recueil de sept nouvelles et qu’il nous reste beaucoup à nous dire.

— Eric, tu as toujours eu de drôles d’idées, mais si tu insistes…

 

LA PROXIMITE DES ABIMES, à paraître.

PHTO0337

 

 

 

 

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