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Alix Roche-Moulin écrivain blog
27 octobre 2020

RUE DES FILATURES Extraits

A50

 

RUE DES FILATURES, roman actuellement en vente d’Alix Roche-Moulin.

 

 

Très vite, le petit cendrier de cristal déborde. Je fume des cigarettes longues et mentholées. De la cendre se répand sur le sous-main que je chasse d’un souffle. Ce sous-main de cuir grenu ne couvre qu’une faible partie de la surface du bureau, un meuble massif.

Apparente donc, une marque profonde dans le bois. Comme faite à la gouge. L’impact ancien d’une balle de revolver. Olga restera toujours très évasive concernant ce projectile qui avait manqué de l’atteindre. Qu’il s’agisse là d’un accès de rage meurtrière de la part d’un mari ou d’un amant jaloux ne faisait pourtant guère de doute.

 

Copie de PHTO0152

Une atmosphère étouffante m’accueille lorsque je pénètre dans le petit appartement au quatrième étage sans ascenseur. Sans chercher à m’orienter dans ce lieu inconnu, je me précipite vers la première fenêtre que j’aperçois pour l’ouvrir ; ensuite c’est la baie vitrée du balcon que j’entrebâille.

Toute la journée, une fois encore, la chaleur fut accablante. L’appartement est situé sous les toits d’un immeuble d’après-guerre, lorsque la nécessité d’une reconstruction l’emportait sur toute considération de style.

Mes doigts finissent par rencontrer l’interrupteur. Ce logement qu’Havers a quitté la veille au soir seulement semble n’être plus habité depuis longtemps. Mobilier sans style et rien ne témoigne de son occupant. Pas de cadres, de photos, de tableaux ni même aucun objet personnel. Havers s’est prétendu propriétaire de ce modeste trois pièces mais l’on se croirait dans un meublé où les gens ne sont que de passage.

Je cherche un peu la chatte dont m’a parlé Havers sans la trouver. C’est une chance parce que les placards sont vides et le réfrigérateur débranché. Je n’ai pas songé à lui amener de la nourriture. J’ai perdu, et sûrement depuis longtemps, l’habitude de m’occuper d’autrui.

Copie de PIC_0146

Finalement j’ouvre grand les battants de la porte-fenêtre pour m’aventurer sur le balcon. Sa hauteur est vertigineuse. J’ai le réflexe de me cramponner à la rambarde. La nuit est torride et doit avoisiner les vingt-cinq degrés. C’est à peine si mon perchoir m’offre de la fraîcheur. On cherche en vain la plus petite brise.

Je contemple cette avenue triste, bordée d’immeubles impressionnants, où ne circulent que de rares véhicules. Peu de lumières aux fenêtres. Les grandes villes en juillet semblent à l’agonie.

Quelque chose soudain frôle mes jambes et je sursaute ; ce qui me fait serrer la rambarde encore plus fort. Le balcon le long de la façade est continu et la chatte franchit les séparations au péril de sa vie pour passer d’un appartement à l’autre.

 Extraits

 

TEMPS DE CHIEN, roman actuellement en vente d'Alix Roche-Moulin

003

 

 

 

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